- Smith, R. P., Easson, C., Lyle, S. M., Kapoor, R., Donnelly, C. P., Davidson, E. J., Parikh, E., Lopez, J. V., & Tartar, J. L. (2019). Gut microbiome diversity is associated with sleep physiology in humans. PloS one, 14(10), e0222394. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0222394
- WebMD. (2021). Stress, Anxiety, and Irritable Bowel Syndrome. Geraadpleegd via https://www.webmd.com/ibs/guide/stress-anxiety-ibs
- Needham, B.D., Funabashi, M., Adame, M.D. et al. A gut-derived metabolite alters brain activity and anxiety behaviour in mice. Nature 602, 647–653 (2022). https://doi.org/10.1038/s41586-022-04396-8
Sommeil, stress et SII
L’importance du microbiote n’a pas fini de nous étonner. Les études se multiplient, débouchant en permanence sur de nouvelles connaissances et de nouveaux terrains de recherche. L’une d’elles a récemment montré que les micro-organismes présents dans notre intestin pourraient jouer un rôle régulateur sur le sommeil, le stress et le syndrome de l’intestin irritable (SII).
Le microbiote intestinal humain peut influencer la santé mentale via l’axe intestin-cerveau. L’importance pour la santé d’un repos nocturne suffisant et de qualité, entre autres, est aujourd’hui reconnue. La fatigue influence les quantités que nous mangeons et nos habitudes d’exercice physique.
Le manque de sommeil affecte également la régulation de la faim et de la satiété et la perception de ces sensations. La motivation à faire suffisamment d’exercice diminue, ce qui augmente le risque de prise de poids. Mais il y a plus : le manque de sommeil se répercute aussi sur les bactéries intestinales, mettant en danger la qualité de notre microbiote.
L’essentiel :
- Le sommeil et le stress sont des déterminants de la santé reconnus
- Un sommeil nocturne de qualité participe à la diversification du microbiote intestinal
- La diversité du microbiote est corrélée positivement à la santé
- Il existe un lien entre le stress et le SII
Notre infographie “un ventre en bonne santé, bon pour le corps et l’esprit”
Le sommeil « nourrit » le microbiote
Les preuves qui attestent que les micro-organismes intestinaux influencent la qualité du sommeil – et inversement – sont de plus en plus nombreuses. Une récente analyse1 a mis en évidence une corrélation positive entre la diversité du microbiote d’une part et un sommeil plus réparateur et la durée totale du sommeil, d’autre part.
Une corrélation négative a en revanche été mise en évidence avec les réveils nocturnes. En outre, la diversité des Bacteroidetes et des Firmicutes, les taux d’interleukine-6 et la capacité d’abstraction étaient positivement corrélés à la qualité du sommeil.
Ces résultats indiquent un lien possible entre la composition du microbiote, la physiologie du sommeil, l’immunité et la cognition.
C’est là un terrain de recherche particulièrement prometteur qui pourrait déboucher sur la mise au point de méthodes d’amélioration de la qualité du sommeil basées sur la modulation du microbiote.
Le stress impliqué dans le SII
Tout comme le manque de sommeil, le stress a un impact sur la santé. Même si le lien exact entre le stress, l’anxiété et le SII, ainsi que leur ordre d’apparition, n’a pas encore été clairement établi, des études montrent que les trois peuvent être présents en même temps2 .
Chez environ 60 % des patients souffrant du SII, les critères diagnostiques d’un ou plusieurs problèmes psychologiques ont été retrouvés. 20 % souffrent de dépression et les autres d’autres troubles.
Plusieurs théories permettent d’expliquer le lien entre le SII, le stress et l’anxiété :
- Même si les troubles psychologiques, comme l’anxiété, ne sont pas à l’origine du SII, ces patients sont psychologiquement plus sensibles.
- Des émotions fortes telles que le stress, l’angoisse et la dépression libèrent dans le cerveau des substances chimiques qui envoient à l’intestin des signaux de douleur, auxquels il va réagir.
- Le stress et l’anxiété peuvent nous rendre davantage sujets aux spasmes intestinaux.
- Le SII peut être provoqué par un affaiblissement du système immunitaire consécutif au stress.
Un nouveau mécanisme mis au jour dans la communication intestin-cerveau
Une récente étude menée chez des souris permet de mieux comprendre les éventuels systèmes de communication entre les intestins et le cerveau3. Les stimuli sensoriels et moléculaires de l’environnement influencent le comportement. Nos intestins sont exposés via l’alimentation à quantités de molécules externes.
Ces composés sont transformés par le microbiote intestinal et les métabolites rejoignent la circulation sanguine et le cerveau.
L’étude conclut notamment que les molécules qui se forment dans l’intestin induisent un comportement complexe chez les souris, via leurs effets sur les oligodendrocytes et les schémas de myélinisation dans le cerveau.
À retenir :
-
- La qualité du sommeil et le microbiote intestinal s’influencent mutuellement
- C’est là un terrain d’étude pour l’amélioration du sommeil par la modulation du microbiote intestinal
- Stress, anxiété et SII coexistent souvent
- Des molécules qui se forment dans l’intestin peuvent influencer la communication au niveau de l’axe intestin-cerveau
- Cela pourrait nous permettre de mieux comprendre le comportement