Blue Zones : les secrets de ces îlots de longévité
Il existe quelques zones géographiques dans le monde, dont Okinawa au Japon, où la longévité est exceptionnelle. Le démographe Michel Poulain nous livre les caractéristiques communes du mode de vie dans ces Blue Zones.
Les Blues Zones sont des zones géographiques assez limitées et homogènes, où la population partage le même mode de vie et le même environnement, et où il a été prouvé que sa longévité est exceptionnellement élevée. Le terme Blue Zone vient du fait qu’en 2000, le démographe belge Michel Poulain (Prof Em UCLouvain) a identifié la première d’entre elles en utilisant un marqueur bleu pour la délimiter sur la carte.
Cinq Blue Zones ont été clairement identifiées :
- une région dans les montagnes au centre de la Sardaigne
- Okinawa, au Japon
- la péninsule de Nicoya, au Costa Rica
- l’île d’Ikaria, en Grèce
- Loma Linda, en Californie
Record de centenaires à Okinawa
Quel est le pays où l’espérance de vie est la plus élevée au monde et qui compte proportionnellement le plus de centenaires ? C’est le Japon, qui compte, par ailleurs, proportionnellement quatre fois plus de centenaires que la Belgique. Mais le record vient d’Okinawa : cette Blue Zone, une des 47 préfectures du Japon, est composée de 44 îles qui s’étendent sur plus de 1000 km au sud des principales îles japonaises et à l’Est de Taïwan. À Okinawa, il y a 1000 centenaires pour 1,3 million d’habitants, alors qu’en Belgique il n’y en a que 2000 pour plus de 11 millions d’habitants.
Cette particularité d’Okinawa a conduit au développement d’un tourisme de la longévité. Car dans cette Blue Zone, comme dans les 3 autres, la longévité exceptionnelle a été validée sur la base de documents probants. Ce qui n’était pas le cas pour d’autres populations qui se sont déclarées vivre exceptionnellement longtemps, comme celles du Caucase, du Haut Pakistan, ou des Andes, explique Michel Poulain. En effet, des signes manifestes d’exagération des âges y ont été décelés, ce qui a invalidé leur prétendue haute longévité.
Les 7 secrets des Blue Zones
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- Bouger naturellement
Les habitants de Blue Zones bougent constamment dans le cadre de leurs activités (jardinage, bergers…) et ne s’arrêtent pas de bouger à 65 ans : l’âge de la retraite dépasse bien souvent les 80 ans. - Manger sainement
Un des principes les plus importants de l’alimentation est le Hara hachi bun me, ce qui signifie « le ventre rempli à 80 % ». Autrement dit, il n’y a pas de surconsommation – d’ailleurs, il n’y a pas d’obésité dans les Blue Zone. Cette restriction calorique aurait un impact direct sur la longévité de l’organisme. C’est donc tout le contraire des formules de buffet à volonté… Sur les tables figurent des produits locaux et de saison. À Okinawa, on mange des plantes de l’archipel, du tofu, des produits de la mer (poissons, calamars, coquillages, algues), et peu de viande (sauf du porc) et guère de produits raffinés (sucre raffiné, farine blanche…). Sans oublier le thé vert ! - Éviter le stress et dormir pleinement
Alors que le stress est omniprésent au quotidien dans nos sociétés post-modernes, il est quasi absent parmi les populations des Blue Zones. Par ailleurs, il y a un respect des rythmes circadiens, ce qui, au regard des connaissances sur la chronobiologie, est plus adapté à la physiologie et favorable à la santé : les gens vont généralement dormir quand le soleil se couche et ils se lèvent à 6 h du matin. - La famille avant tout
La famille revêt une importance primordiale dans chacune des Blue Zones. Les fêtes familiales sont fréquentes et tous se rassemblent autour d’une longue table. À noter qu’en Sardaigne par exemple, il n’y a personne en maison de repos. - Communauté
La solidarité va bien au-delà de la famille. Ici, vieillir n’est pas vu comme quelque chose de négatif. Les aînés des Blue Zones gardent une place essentielle dans la communauté villageoise. On célèbre même la longévité. A Okinawa, il est de coutume de faire une grande fête à 97 ans, que l’on appelle le kajimaya. En Sardaigne, on affiche les photos des centenaires. C’est très différent de ce qui se passe chez nous, où les seniors ne sont plus intégrés dans la société. Dans les Blue Zones, les villages sont intergénérationnels, les anciens ne sont pas mis en dehors de la société, ils en font partie et ont un rôle à jouer. - Respect de la planète
Bien que les termes « écologie » ou « bio » ne soient guère utilisés, le souci écologique et le respect de la planète sont omniprésents dans les Blue Zones. La naturalité de la nourriture locale produite localement n’est pas entachée par des conservateurs, exhausteurs de goût et autres additifs. - Avoir un but dans la vie
À Okinawa, on parle de I’ikigai, et cela consiste à trouver un sens à sa vie (par exemple dans l’aide à autrui). Cela donne ainsi une raison de se lever le matin et d’être heureux d’accueillir chaque jour.
- Bouger naturellement
Source: Présentation de Michel Poulain pendant la conférence de presse Yakult, Bruxelles, 25/05/2021.